Comment cultiver des champignons chez soi ?

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Déjà au début de l’histoire de l’humanité, les champignons constituaient une partie importante de la nourriture de nos ancêtres et servaient de remède polyvalent en raison des ingrédients précieux de certains types de champignons.  Même l’homme des glaciers Ötzi savait déjà combien certaines espèces de champignons sont précieuses pour la guérison et la nutrition. On a retrouvé sur sa dépouille des champignons arborescents tels que des cèpes de bouleau.

bolet-saprophyteHistoire de la culture des champignons

Selon la tradition, les premières tentatives de culture de champignons sont connues depuis l’antiquité.

A cette époque, les champignons étaient très populaires comme nourriture et on essayait de cultiver certains champignons en enterrant ou en dispersant les déchets de champignons sous les arbres ou dans les prés à certains endroits. L’histoire de la culture des champignons avait commencé.

En Chine, l’utilisation des champignons à des fins alimentaires et médicinales a une très longue histoire. Dans la médecine chinoise, les champignons occupent encore aujourd’hui une position très élevée. Les agriculteurs chinois ont déjà essayé de cultiver des champignons avec succès à l’époque de la dynastie Ming et ont transmis leur expérience de la culture des champignons aux agriculteurs japonais qui ont également essayé de l’art de cultiver des champignons.

Au 19ème siècle, grâce à d’importantes découvertes en mycologie, la culture professionnelle des champignons a commencé pour la première fois, la multiplication des mycéliums, la production de champignons sur des substrats nutritifs. Depuis lors, la culture des champignons comestibles et médicinaux s’est de plus en plus perfectionnée.

Biologie du champignon

Les champignons ne sont pas des légumes. Les champignons ne sont d’ailleurs ni des plantes ni des animaux. En biologie, ils forment leur propre règne et sont représentés dans une grande diversité. Les champignons sont privés de chlorophylle. Celle-ci est indispensable pour synthétiser les éléments nutritifs à partie de gaz carbonique et d’énergie solaire . Les champignons devront donc développer d’autres stratégies pour survivre.

La partie du champignon que nous mangeons est la fructification aérienne d’un système souterrain largement imbriqué, le mycélium.

mycelium-culture-champignonLe mycélium

Le champignon que nous voyons et consommons est en réalité le fruit d’un organisme qui vit dans le sol dans un autre substrat organique (mort ou vivant)

Le mycélium est l’appareil végétatif de cet organisme. Il est constitué d’un enchevêtrement de filaments blancs parfois presque invisibles. Ce mycélium se ramifie et se développe dans les substrats.

Le carpophore

La partie visible qui se développe en dehors du substrat est le carpophore ou sporophore. C’est cette partie que nous appelons le plus souvent le champignon.

Les spores

La partie fertile du champignon est l’hyménium. C’est sur celui-ci que se développe les spores. L’ensemble des spores constitue la sporée qui est visible à l’œil nu. La couleur de la sporée est d’ailleurs un des critères d’identification du champignon.

Les autres critères sont la forme du chapeau, la forme du pied,  la présence ou non de lamelles ou encore le substrat sur lequel il se développe.

Comment se nourrissent les champignons ?

Les saprophytes

Cette catégorie s’attaque très souvent aux végétaux morts. Dans le milieu forestier, ces éboueurs de la nature transforment en terreau les feuilles mortes et les déchets ligneux. Leur rôle est très important dans la forêt. Les lignicoles se nourrissent de lignine et envahissent les arbres morts et les vieilles souches. Les terricoles s’installent sur les sols riches en matière organique.

polypore-champignon-parasiteLes parasites

Les champignons parasites trouvent leurs ressources dans de la matière encore vivante. Cette association n’est bénéfique que pour le champignon contrairement à la symbiose. Ils s’attaquent très souvent à des végétaux affaiblis par l’âge. On retrouve dans cette catégorie les polypores et les armillaires.

Les symbiotiques

Dans une symbiose, le champignon et l’arbre ont des échanges bénéfiques. Le mycélium apporte à l’arbre de l’eau et des sels minéraux et reçoit en retour la matière organique qu’il ne sait pas lui-même synthétiser. Certains champignons sont directement liés à une essence d’arbre. Le bolet élégant est lié au mélèze, les bolets des charmes au charme et  la morille se trouve très souvent à proximité du frêne ou d’un orme.

culture-pleurotes-rosesQuels champignons peut-on cultiver ?

Parmi les champignons les plus populaires dans la culture moderne de champignons, on retrouve de nombreuses variétés de pleurotes ( Jaune, rose,…) ,   le portobello, les champignons de Paris (Agaricus bisporis)  ou encore le shiitaké ( Le champignon noir).

Depuis la fin du 20ème siècle, la mycothérapie gagne de plus en plus de popularité. Dans le domaine de la recherche et de la pharmacie, des ingrédients de plus en plus efficaces et précieux sont découverts dans les champignons.

Pourquoi manger des champignons ?

Les champignons sont utilisés comme aliments depuis la nuit des temps. Les champignons sont sources de nutriments et vous fournissent des fibres et sont faibles en calories. Dans 100 grammes de champignons, l’apport calorique est de seulement 25 à 40 kcal.

Par contre, les champignons sont riches en phosphore, potassium, magnésium. Ils contiennent également de la vitamine C, B1, B2, B3 et B5. C’est dire l’importance de consommer des champignons pour une alimentation équilibrée.

Pourquoi cultiver des champignons ?

Avec votre propre petite culture de champignons, vous pouvez vous approvisionner toute l’année en champignons médicinaux et comestibles peu coûteux, non pollués et de grande valeur. Effectivement, consommer des champignons cueillis présente un risque lors d’une erreur d’identification mais vous êtes aussi susceptibles de manger des champignons contenant des métaux lourds. Les champignons concentrent les polluants présents dans le sol ou leur substrat. L’accumulation de métaux lourds est exclue lors de la culture sur vos propres substrats dans la maison ou dans le jardin.

Cultiver des champignons à la maison

Il y a plusieurs possibilités de culture de champignons à la maison.

Les kits prêts à l’emploi

Si vous souhaitez essayer la culture de champignons pour la première fois, les kits de culture de champignons prêts à l’emploi sont un bon choix. Ceux-ci contiennent la culture de départ, c’est-à-dire le mycélium du champignon et un substrat approprié sur lequel le champignon peut pousser. Vous n’avez besoin d’aucun matériel supplémentaire. Vous pouvez le faire pousser dans votre cuisine. Il n’est indispensable d’avoir une cave.

Faire pousser des champignons sur du substrat « maison »

Si vous choisissez de récolter le mycélium et de préparer vous-même le substrat (marc de café, sciure de bois, paille, ..)  vous devrez passer par une étape de stérilisation pour être certain de ne faire pousser que la souche désirée.

Vous pouvez acheter le mycélium de champignon, qui est utilisé pour commencer la culture des champignons, dans un magasin spécialisé.

A partir de ce mycélium, vous pouvez observer le carpophore, la partie comestible du champignon pousser. Le mycélium de champignon pousse bien sur un substrat relativement pauvre en nutriments, mais azoté comme les troncs d’arbres, la paille, la sciure de bois ou le marc de café.

Cultiver des pleurotes sur des troncs d’arbres

Pour cette méthode, un aspect qui est peut-être rédhibitoire est qu’il vous faudra être patient.

Le délai d’attente pour votre première récolte est de plus de 12 mois. La culture sur bois d’ hêtre nécessite aussi d’avoir pas mal de place et vous aurez le risque d’y voir pousser d’autres souches. Et enfin, des animaux sauvages tels que le renard risquent de venir contaminer votre récolte.

Méthode de culture de pleurotes sur des hêtres

cultiver-pleurotes-rondinPour faire pousser des pleurotes sur des rondins de bois , vous aurez besoin de chevilles (tourillons)  de hêtre imprégnées de mycélium de pleurotes. Vous pouvez passer cette étape et directement les acheter inoculées sur Internet. Si vous préférez inoculer les tourillons de bois par du mycélium vous-même, voici comment procéder.

La première étape est la culture liquide de mycélium.  Vous aurez besoin de bocaux de verre stérilisés, de pleurote et de miel.

  • Remplissez un bocal stérilisé à moitié d’eau, ajoutez une cuillère à soupe de miel et quelques morceaux du cœur du champignon.  Attendez 2 ou 3 jours.
  • Vous verrez ensuite le mycélium se développer dans le bocal.

Le champignon se développe et vous aurez besoin de le nourrir.

  • Dans un bocal le même volume de votre culture liquide avec un volume équivalent de céréales (millet, seigle, blé ou du riz). Le bocal ne doit pas forcément être rempli entièrement (environ 2/3)
  • Attendez environ un mois.  Le mycélium aura colonisé les céréales.

Voici le moment d’inoculer vos tourillons de bois.

  • Dans un saladier, versez des tourillons de bois (en hêtre).
  • Immergez-les d’eau pendant 48 heures afin qu’elles soient totalement imprégnées.
  • Égouttez-les.
  • Placez ensuite ces tourillons dans un bocal dans lequel vous ajouterez les céréales colonisées par le mycélium de pleurotes.

Il vous faudra encore attendre quelques semaines

Les chevilles colonisées sont prêtes à être insérées dans les rondins de bois. Le hêtre est une essence idéale pour faire pousser ce champignon. Mais vous pouvez également tester le peuplier, le chêne ou le bouleau.

Insérez dans chaque rondin fraichement coupé, des tourillons. Percez des trous avec une perceuse et venez y introduire une cheville colonisée.

Placez des rondins en veillant bien à ce que l’air circule entre eux.

Votre dispositif doit être placé dans un lieu ombragé et humide. Les sous-bois de feuillus sont des lieux privilégiés pour la culture de pleurotes.

Vous devrez à ce moment-là attendre au moins 18 mois mais vous serez parfaitement autonome.

N’oubliez pas de recommencer l’ensemencement régulièrement avec vos nouvelles pleurotes.

Nous vous souhaitons beaucoup de plaisir à cultiver des champignons !

 

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6 commentaires
  1. Laure dit

    Très intéressant ! Merci pour ce partage

    1. Isabelle dit

      Merci, cela fait toujours plaisir d’avoir des retours des lectrices 🙂

  2. DOSSOU MICHEL dit

    JE suis intéressé pour suivre une formation adéquate pour la culture des champions saprophytes et symbiotiques pour la fabrication des fongicides bio , des insecticides bio et des engrais organiques bio dans l’agriculture et la culture maraîchère merci pour les doléances

    1. Christian MARTINEZ dit

      Bonjour,
      SVP , concernant la rubrique : la culture liquide du mycellium , au niveau du développement du mycellium et de la colonisation du substrat fait de graines, vous ne précisez jamais si le bocal doit être fermé hermétiquement ou s’il doit être fermé avec un petit trou sur le couvercle ,obstrué ou non avec un petit morceau de coton ?
      En résumé, soit aucune aération( fermeture complète hermétiquement) soit aération filtrée par le petit coton soit aération libre par le petit trou sans petit coton .
      J’espere que je me fais comprendre d’autant + que cela est très important.

      Merci, cordialement, bonne journée.

      1. Isabelle dit

        Bonjour, je place sur le bocal une étamine (ou un tissus fin) avec un élastique pour éviter les contaminations extérieures.

  3. Christian MARTINEZ dit

    OK , merci et si je comprends bien , le tissus fin favorise la filtration de l’air et l’aération de la culture. En conséquence, il n’a pas fermeture hermétique avec privation d’air renouvelé naturellement.
    Bonne journée. Cordialement.
    Christian MARTINEZ

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