EPR : Kesako ?

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L’EPR (de l’anglais, European Pressurized Reactor), est réacteur à eau pressurisée, dit « Révolutionnaire » ou « de troisième génération », développe une puissance électrique de 1 600 mégawatts (mW), quand ses prédécesseurs avoisinent une moyenne de 1 000 MW. Il utilise un mélange de plutonium et d’uranium appauvri qui, une fois utilisé, est plus radioactif que le combustible à l’uranium normalement utilisé ! Le recours à cette énergie engendre ainsi des risques supplémentaires liés au retraitement, au transport et au stockage des déchets.

La France a-t-elle besoin d’un nouveau réacteur nucléaire ? La France n’aurait pas besoin d’un EPR avant plusieurs décennies car elle produit plus d’électricité qu’elle n’en consomme. 16 % de cette électricité sont exportés à perte à l’étranger, ce qui correspond à la production de dix réacteurs nucléaires !

Un parallèle troublant entre l’EPR et Superphénix En 1976, des experts du CEA prédisaient que 450 réacteurs du même type que Superphénix seraient exploités en 2000. En 1998, le programme Superphénix est définitivement arrêté après à peine plus de 10 ans d’exploitation à un coût exorbitant, environ 10 milliards d’euros. A l’époque, les pro-nucléaires n’avaient absolument pas tenu compte des avis des nombreux opposants. Le projet EPR prend le même chemin. La construction du premier EPR en Finlande a déjà pris plus d’un an et demi de retard à cause de problèmes techniques importants.

L’industrie nucléaire et l’EPR sont-ils des gages d’indépendance énergétique pour la France ? Difficile d’être indépendant quand la matière première du nucléaire français, l’uranium, est importée à 100 % du Canada et du Niger ! Les réserves d’uranium dans le monde sont égales à 2 528 milliers de tonnes, soit l’équivalent de moins de la moitié des réserves prouvées en pétrole ou en gaz.

D’autres énergies, ont l’avantage d’être abondantes et qui appartiennent à tout le monde ! N’est-ce pas là la clé d’une réelle indépendance énergétique ? Malgré ses 58 réacteurs nucléaires, la France reste autant dépendante du pétrole que ses voisins européens…

L’EPR est-il créateur d’emplois ? Si, par exemple, on investissait les 3,3 milliards d’euros affectés à la construction de l’EPR dans un programme éolien, cela permettrait de produire deux fois plus d’électricité (24 térawattheures (TWh) éolien, contre 10 TWh pour l’EPR) et conduirait à la création de deux à cinq fois plus d’emplois sur une période d’exploitation de quarante ans, selon l’étude Éole ou Pluton1.

D’autre part, les emplois liés au développement des énergies renouvelables pourraient être bien répartis sur l’ensemble du territoire, car, contrairement au nucléaire, ce type de production d’électricité, est décentralisé. Un scénario alternatif au nucléaire, baptisé NegaWatt2, s’articulant autour de trois axes complémentaires – efficacité énergétique, sobriété de la consommation et développement massif des renouvelables – permettrait de nombreuses créations d’emplois. Ainsi, dans l’éolien, 40 000 emplois pourraient voir le jour en 2010, 100 000 en 2030 et plus de 200 000 en 2050. Dans le photovoltaïque : 25 000 en 2010, 40 000 en 2030 et 150 000 en 2050. Dans la biomasse : 10 000 emplois nouveaux seraient créés pour 2010, 45 000 en 2030 et 150 000 en 2050, qui permettraient de maintenir en activité une grande part des agriculteurs dont l’emploi est menacé par la réforme des politiques agricoles. Au total, il s’agit de 190 000 emplois en 2010, 295 000 en 2030 et 610 000 en 2050 à la clé.

Pour sa part, le nucléaire ne génère qu’un nombre de postes restreint. Le chiffre reste stable : 40 000 emplois existant en 2006 pour l’exploitation du parc nucléaire et les contributions des sous-traitants. Il y faut ajouter 5 000 à 6 000 emplois générés par le chantier de construction d’un EPR, puis quelque deux cents autres pour la gestion de cette nouvelle unité.

Suivons l’exemple allemand : En Allemagne, le secteur des énergies renouvelables a créé 130 000 emplois (40 000 dans l’éolien, 50 000 dans la biomasse, 18 000 dans le solaire) en seulement dix ans. 72 000 emplois supplémentaires sont prévus d’ici à 2007 et 250 000, d’ici à 2010, du fait des investissements prévus.

Il y a matière à débat, osons cette révolution pour nos enfants et insuffler aussi un élan au reste de la planète

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