Géraniums : l’envers du pot

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Chaque année, les géraniums accompagnent le retour du printemps. Mais, au fait, où sont-ils produits ? 

Quel est l’impact des géraniums sur l’environnement

geranium-production-localeAu milieu du printemps nos balconières s’ornent de grappes de fleurs rouges ou oranges. Les géraniums font leur retour annuel.

Les pétunias ont essayé de leur ravir leur statut de « fleur dominante », les qualifiant de ringards, mais ils ont fait de la résistance et restent indémodables. Leurs qualités ornementales, leur floraison abondante de mai à octobre ainsi que le peu de soins qu’ils nécessitent contribuent à cette popularité. On ne garde généralement les géraniums que pendant une année à son balcon.

Des variétés non-indigènes sensibles au froid

On les voit geler en hiver, et on jette le tout à la poubelle ou mieux au sac vert ou encore au compost au fond du jardin. L’année suivante, on recommence toute l’opération à zéro en plantant de nouveaux géraniums dans un nouveau terreau…

Les géraniums que nous utilisons dans nos jardinières sont en réalité des pélargoniums[1]. Leur histoire nous emmène en Afrique du Sud d’où ils ont été importés vers l’Europe au XIXe siècle. Si le nombre de variétés qui paradent sur les balcons se comptent par centaines, contrairement aux géraniums indigènes, les pélargoniums ne résistent pas au froid. C’est pourquoi il faut les hiverner si l’on veut les voir refleurir l’année suivante.

Un géranium peut, s’il est entretenu correctement, vivre cinq à six saisons ? Où sont produits nos géraniums ?

Les géraniums que vous achetez viennent de pépiniéristes locaux ou de Hollande. Mais savez-vous qu’avant cela ils ont été faire un petit tour en Afrique ? Les boutures, qui sont élevées en Europe, sont importées du Kenya, parfois de Tenerife où elles sont cultivées par millions à des prix de production inférieurs à ceux pratiqués chez nous.

L’Allemagne et la Hollande, qui sont les principaux pays développant de nouvelles variétés, vendent leurs boutures et les brevets qui les accompagnent aux producteurs et aux distributeurs d’un peu partout qui font la finition de la culture et la mise sur le marché.

Les géraniums qui nous sont proposés à la vente dès le mois de mai ont été bouturés en décembre à partir de plants achetés à l’étranger, puis rempotés fin janvier. Leur culture dure trois mois et demi. Certains les produisent en deux mois dans de la tourbe afin de réduire les coûts de production et pour être en mesure de les vendre plus tôt, mais ils sont souvent encore très petits et ne tiennent pas toujours très bien car ils n’ont pas été encore durcis, c’est-à-dire habitués à être dehors.

Un marché juteux et non local

Auparavant, un circuit court, une production locale, des emplois locaux, peu qualifiés. Il y a quelques années, les géraniums proposés à la vente étaient plus gros car leur culture commençait en septembre par le bouturage local et non pas en janvier comme c’est le cas aujourd’hui. Les services d’horticulture des grosses communes et des villes effectuaient ce travail dans leurs serres à partir de pieds mères qu’ils avaient sélectionnés et desquels des boutures sont tirées.

Cela justifiait le nombre de jardiniers occupés dans la fonction publique…

Depuis la fin des années 90, pour des raisons strictement budgétaires, l’achat de géraniums ayant fait « le voyage » revenant moins cher en terme financier que d’occuper une main d’œuvre locale, les communautés ont stoppé toute production et achètent leurs plants … comme tout le monde ! Le marché est important et très disputé entre les différents acteurs qui l’occupent, la concurrence est acharnée.

Un bel exemple de libéralisation et de mondialisation avec son impact sur les emplois locaux, l’accroissement du trafic aérien, une empreinte écologique désastreuse… Ne faudrait-il pas créer un label[2] basé sur des critères de durabilité s’ils n’est pas possible de réguler le jeu de la sous- enchère des prix ? Permettre à des pépiniéristes locaux de valoriser leur savoir faire ?

[1] Il existe plusieurs variétés géraniums indigènes, le plus connu est « l’herbe à Robert » au feuillage très découpé et aux petites inflorescences mauves à pourpre que l’on trouve dans pratiquement tous les sous-bois ou en lisière. Il y a aussi des géraniums au fleurs violettes

[2] En Alsace, terre d’élection pour le pélargonium (bec de cigogne en grec) qui depuis cinq siècles fleurit les maisons à colombage, les horticulteurs ont entrepris ces dernières années une campagne afin de décrocher à Bruxelles le label d’Indication géographique protégée (IGP). Les deux départements alsaciens et leurs 160 horticulteurs produisent chaque année quatre millions de plantes.

Source : un article de Marc de Brouwer dans Vitavie (http://www.bio-info.be/)

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