Comment composter ses déchets végétaux

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Le compost, élément bien connu des jardiniers, n’a rien de mystérieux ou d’exceptionnel. Outre le fait qu’il s’agisse d’un élément fertilisant et restructurant hors du commun des sols cultivés, le résultat du compostage est aussi la production propre et la fierté du jardinier. Issu des restes jadis vivants du jardin, il en est le prolongement et confirme les dires de Lavoisier,  » rien ne se perd, tout se transforme « .

Il ne s’agit en fait que du fruit de l’accélération d’un phénomène on ne peux plus naturel, la décomposition des déchets organiques. Il devient ainsi la suite logique et la revalorisation de ce que nous appelons banalement « déchets ». Nombreux sont aujourd’hui les jardiniers conscients et consciencieux qui refusent de faire la queue dans les déchetteries ou de remplir des dizaines de sacs poubelles quant arrive l’automne.

Découvrez comment faire son compost avec succès dans cet article

Le compost, la fierté du jardinier

1- Oxygéner le compost, une bonne idée

De plus en plus de personnes veulent composter leurs déchets, les composteurs ont pris place dans de nombreux jardins. Une idée, qui a l’usage se vérifie, est d’accélérer encore la décomposition suivant un procédé utilisé notamment dans le domaine de l’épuration des eaux usées, l’oxygénation ou aération. Pour aérer un tas de compost, il suffit simplement de le retourner à la fourche, l’inconvénient étant le volume toujours grandissant des déchets qui s’accumulent et leur côté inesthétique dans un jardin d’ornement par exemple. Le composteur monté avec des claies en bois est la solution la moins onéreuse et la plus répandue, mais, comment retourner un tas de compost qui se trouve devant nous sous forme d’une masse compacte et rectiligne d’un mètre cube sans en mettre partout ? Le compost reste alors en place sous forme de pourrissoir qui va mettre deux à trois ans à se décomposer et au pire générer des odeurs désagréables.

faire-compostL’idée est tout simplement de placer un autre composteur identique juste à côté. Il suffit alors de transvaser à la fourche bêche ou à la pelle, suivant la consistance du compost, tous les trois mois environs.

Suivre un cycle pour mieux composter

Le cycle débute à l’automne, vers les mois d’octobre – novembre, après que le compost mûr aura été distribué, au potager, dans les massifs ou encore sous les haies et au pied des arbres sous forme de mulch*. Le tas entamé durant l’été est complété par les nombreux déchets d’automne, comme les feuilles mortes.

Courant janvier, transvaser le tas du contenant n°1 dans le contenant n°2 en prenant soin de placer au centre un tuyau pvc de 110 mm du commerce (colonne sanitaire par ex.) que l’on aura au préalable percé de nombreux petit trous sur toute sa surface. Ceci formera une cheminée qui permettra aux gaz et à la chaleur dégagée au centre par la décomposition et la fermentation de s’évacuer plus facilement en facilitant la circulation de l’air. L’oxygène étant le principal carburant des micro-organismes acteurs de ce processus.

Répéter l’opération au mois de mars du contenant n°2 vers le contenant n°1 en y ajoutant les déchets du nettoyage printanier.

Au mois de mai retourner une troisième fois et impérativement une quatrième fois entre la mi juin et la mi juillet en prenant soin de replacer la cheminée d’aération.

Couvrir ensuite le tas d’une couche de tontes de gazon et laisser reposer jusqu’en Octobre – Novembre où il sera mûr. Au cours du démarrage, la première année, le processus de décomposition est un peu plus lent, on peut alors aider avec un activateur du commerce ou moins chère encore, utiliser des fanes d’orties coupées grossièrement. Dès la deuxième année, remplacer cet activateur par du compost mûr, qui comme la mère du vinaigre y incorporera les éléments nécessaires au redémarrage. Avec les déchets de jardin, ajouter un peu de terre végétale du jardin qui apportera les agents de décomposition contenus naturellement dans le sol, ainsi que des Lombrics, principaux acteurs de l’élaboration finale d’un bon compost.

Quand peut-on commencer à  composter ? A n’importe quelle saison !

En hiver, le processus est ralenti voire interrompu en raison du froid et du petit volume de matières accumulées.

A l’automne, on peut former une couche de feuilles à la base du composteur et y déposer tous les déchets pendant l’hiver.

Au printemps, la décomposition deviendra de nouveau active. Il faudra alors brasser le contenu.

2- Quels déchets composter ?

En général, tous les déchets de jardin aussi appelés déchets verts :

  • mauvaises herbes arrachées,
  • fanes de légumes,
  • déchets de taille (broyés),
  • feuilles mortes,
  • tontes de gazon (en petites quantités et séchées au préalable),
  • terreau de jardinières
  • etc.,

entrent sans problème dans la composition du compost, certains éléments moins courants en augmentent encore la qualité comme :

  • la cendre de bois (potasse),
  • le marc de café en grandes quantités (propriétés répulsives et insecticides reconnues),
  • les fanes et racines des légumes verts de la famille des fabacées par exemple (haricots, petits pois, fèves) apportent de l’azote,
  • les restes de repas (non gras),
  • les coquilles d’œufs,
  • pelures de fruits et épluchures de légumes etc.

Ne jamais incorporer au compost des matières grasses comme de la graisse animale ou végétale ou des restes de repas cuisinés, car la graisse fige le processus de décomposition. Proscrire également les déjections des animaux de compagnie tel que les chiens et les chats ainsi que les coupes et les fanes de végétaux malades.

Si vous habitez la campagne et que vous pouvez vous procurer facilement du fumier de cheval ou de bovins (préalablement décomposé), n’en surchargez pas le compost et distribuez le directement à l’automne au potager par exemple. Le guano de poules, par contre, enrichira avantageusement le compost. En été, par temps sec prolongé arroser longuement et ombrer le tas en le recouvrant d’un vieux tapis ou simplement d’une couche de tonte de gazon d’environ dix cm d’épaisseur.

3- Comment utiliser le compost ?

Le compost prêt à l’emploi doit être de couleur noire, ne pas dégager d’odeurs nauséabondes, ne pas être détrempé et avoir une texture friable et tendre à l’instar d’un bon terreau horticole du commerce.

La meilleure façon d’utiliser son compost est de l’épandre sur le sol par fines couches et de le laisser ainsi passer l’hiver. Il sera ensuite incorporé au sol au printemps par un léger griffage pour achever le travail déjà commencé par les vers de terre. Outre l’apport de matière organique fertilisante 100% compatibles avec la culture bio (si les ingrédients l’ont été), le compost améliore considérablement la structure des terres arables argileuses ou sablonneuses.

Le principal avantage du compost est enfin de restaurer considérablement la vie du sol, à savoir la vie bactérienne, micro biologique et cryptogamique.

La culture biologique est impossible sur un sol épuisé, déstructuré et dénué de faune bactérienne. Il peut diminuer le pH de façon considérable si bien qu’au bout de quelques années il est parfois conseillé de re-minéraliser le sol pour corriger le pH à la hausse (chaux, lythotames, litière pour chat, coquilles broyées d’œufs, d’huîtres ou de moules, toujours selon les besoins.) Il reste cependant déconseillé pour la garniture des jardinières et pots des plantes d’intérieure du fait des nombreux germes et bactéries qu’il pourrait contenir ainsi que des graines de plantes non désirées qui n’auraient pas perdu leur capacité germinative.

  • Pour le jardin, le potager : Pour le jardin, l’épandage peut se faire en début d’hiver ou au printemps mais toujours après un labour. Pour un épandage de 3 centimètres de compost, mélangez avec les 5 à 10 premiers centimètres de terre. Il faut compter 5 à 10 litres de compost par m2.
  • Pour les arbres et arbustes : Lors de la plantation enfouissez 20 litres de compost par m2 dans « le trou de plantation », mélangez bien (1 part de compost pour 3 à 4 parts de terre).

Pour l’entretien, effectuez des apports de 2 à 5 litres de compost/m2 ou maintenez en permanence une couche d’un centimètre autour des arbres ou des arbustes.

  • Pour le gazon Lors de la plantation, mélangez 15 à 20 litres de compost/mde terre. Pour l’entretien, effectuez des apports de 2 à 5 litres de compost/m2.
  • Pour les rosiers : Maintenir une couche superficielle de 2 cm d’épaisseur en surface. Pour les rosiers, comme pour les rhododendrons, il ne faut pas enfouir le compost car il peut y avoir des effets toxiques au niveau des racines.
  • Pour les fleurs, les plantes d’appartement : Mélanger une part de compost pour 3 à 5 parts de terreau universel ou mettre une couche de 2 cm en surface. Pour les géraniums, il est préférable de faire un mélange avec 30 % de compost maximum. A cause son pH élevé, n’utilisez pas le compost pour les hortensias, azalées, cactus et orchidées.

4- Ce qui est conseillé et déconseillé quand vous compostez

Pratiques recommandées par les maîtres composteurs

Basculer le tas d’un silo à l’autre tous les trois mois(il faut être motivé) et impérativement en juin ou juillet. Vénérer le ver de terre ! Choisir un emplacement ombragé lors de l’implantation du double composteur. Arroser le tas par temps chaud et sec et ne pas oublier de le pailler. Investir rapidement dans un broyeur de végétaux, complément indispensable pour réduire les plantes ligneuses et les branchages. Varier les déchets par couches successives et incorporer du compost mûr et de la terre végétale. Ne pas négliger l’évacuation centrale sous forme de tube pvc perforé.

Détruire ou éloigner (adoptez un chat !) systématiquement les petits rongeurs qui trouvent dans ce « HLM » chaleur et nourriture. En effet, la population peut quintupler en l’espace d’un an et causer de graves dommages à vos cultures.

Le « transvasement » d’un silo à l’autre est un travail physique et fatigant, prendre garde à la position de travail. Ne distribuer le compost que lorsqu’il est bien mûr, toujours en surface sans l’enfouir profondément ou lors d’un bêchage superficiel par exemple.

Enfin, profiter de la disponibilité d’un des silos pour appliquer une couche de bitume sur les parois, ceci pour éviter la dégradation rapide du bois. Les parties visibles extérieures pourront recevoir deux ou trois couches de lasure extérieure tous les trois ou quatre ans.

A éviter lors du compostage

Ne jamais incorporer de graisse animale ou végétale, d’excréments de chiens ou de chats, d’ammoniaque ou autre engrais chimique. Éviter si possible les mauvaises herbes qui portent des graines ou les plantes malades. Éviter de charger le composteur avec de grandes quantités de tontes de gazon, car en se décomposant rapidement, l’herbe aura tendance à former des couches compactes qui non ventilées, fermentent de façon anaérobie en dégageant de mauvaises odeurs. De plus, ces couches formeront une barrière à l’air, étouffant le reste du tas. De plus, proportionnellement, les tontes d’herbe n’apportent pas d’éléments nutritifs en grandes quantités. Il vaut mieux utiliser ces déchets spécifiques pour pailler les cultures du potager ou les haies, au printemps suivant les déchets de tonte auront disparu. Ne pas déposer de gros branchages ou des souches fortes de certains légumes (tiges de choux, tiges défleuries de Roses Trémières etc.) sans les avoir réduis au broyeur, sous peine de les voir resurgir pendant trois ou quatre ans. Ne pas détruire les vers de terre, mais au contraire favoriser leur reproduction en respectant la terre, en la paillant (écorces, herbe coupée, paille, compost…) et en limitant au minimum l’utilisation d’engrais et d’insecticides de synthèse.

Le compost obtenu doit normalement être un produit naturel de grande qualité, rapidement assimilable par le sol et par les plantes. Il s’intégrera ensuite dans un cycle naturel de la terre à la plante, de la plante à la terre. Il vous fera aussi faire de substantielles économies tout au long de la vie de votre jardin.

* Le mulch : c’est un mot anglais qui a tendance à être mal employé chez nous car il désigne de plus en plus un « paillage ». Le paillage consiste à recouvrir le sol avec une épaisse couche de matériaux (écorces de pin, paille, déchets de tonte etc.) ceci afin d’éviter la pousse de mauvaises herbes et de conserver la fraîcheur du sol. Le mulching, consiste à épandre une fine couche de matière organique sur un sol légèrement griffé. Les vers de terre vont naturellement chercher la nourriture à la surface pour l’incorporer au sol. Les déjections des vers de terre sont un engrais naturel directement assimilable par les plantes. C’est une notion de base de la culture biologique où le fait de bêcher et de labourer le sol est proscrit. Le ver de terre est le meilleur allier du jardinier, il travaille pour lui, en fertilisant, en aérant et en drainant le sol. A protéger donc !!!

Si vous êtes en appartement, le lombricomposteur est une solution qui vous permet de composter aussi vos déchets : Fabriquer son lombricomposteur ou vermicomposteur

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