La pollution numérique n’a ni odeur, ni couleur, ni forme apparente, mais elle existe bel et bien. Elle peut sembler invisible, malgré tout son empreinte carbone est si élevée que si elle était un pays, elle serait le troisième plus grand consommateur d’énergie au monde
Si en 2018, on estimait à 15 milliards le nombre d’équipements numériques en activité, celui-ci sera multiplié par cinq en 2025
Le numérique représente 4,2 % des émissions des GES. Ces gaz à effet de serre qui provoquent une réchauffement climatique anthropique. La part du numérique dans les émissions mondiales de GES pourrait atteindre 8 % en 2025.
Pourquoi les nouvelles technologies causent-elles autant de pollution ? De plus, comment pouvons-nous limiter l’empreinte environnementale de notre consommation numérique ? Et comment pouvons-nous être moins énergivores lorsque nous sommes devant un écran ?
Quels types de pollution la technologie numérique engendre-t-elle ?
Table des matières pour faciliter votre navigation
Lorsque nous interagissons sur un réseau social ou que nous achetons de l’espace de stockage dans le nuage, on ne nous dit pas ce que cela coûte réellement à la planète.
L’impact négatif des technologies numériques sur l’environnement est encore peu connu des citoyens qui, pour la plupart, n’ont jamais entendu parler de la pollution numérique. Cependant, selon une étude de la société Occurrence, « En 2018, 16% de la consommation d’énergie dans le monde était générée par ces technologies. »
L’année 2020 fut la première année ou la pollution digitale a dépassé celle de l’aviation civile.
Les impacts environnementaux associés à la fabrication d’appareils numériques.
Le secteur numérique crée plusieurs types de pollutions environnementales. On recense d’abord la pollution liée à la fabrication des appareils électroniques. Le numérique est un grand consommateur de ressources naturelles. Une étude de l’Université des Nations Unies a calculé que la fabrication d’un ordinateur et d’un écran de taille moyenne nécessite au moins 240 kg de combustible fossile, 21,8 kg de produits chimiques et une consommation d’eau d’1,5 tonne.
80% de la dépense énergétique se produit au cours de la fabrication de l’appareil
Entre les matériaux d’extraction polluants et l’obsolescence programmée, la fabrication de nos appareils numériques pèse lourdement sur la planète. Surtout quand on sait qu’il faut environ 16 fois le poids d’un ordinateur en matériaux pour le fabriquer.
Les équipements requièrent une forte demande de matières premières et une grande consommation des réserves naturelles non renouvelables lors de l’extraction et du raffinage des minerais et des terres rares.
Le sac à dos écologique d’une barrette mémoire est de 16 000 pour un. A titre comparatif, il est de 54 pour une voiture. Le sac écologique mesure la quantité de matières pour fabriquer un produit fini
Cet épuisement des ressources est aussi source de conflits dans certaines parties et d’atteintes aux droits de l’homme.
Minimiser les impacts de la pollution numérique
La fabrication de matériel est l’une des principales causes de la pollution numérique. Il parait ainsi difficile, en tant qu’utilisateurs individuels, de réduire notre contribution à la pollution. Mais nous pouvons agir de plusieurs manières. Il est important d’adopter une hygiène numérique. Le numérique a de nombreux effets secondaires indésirables
- Prolonger la durée de vie de votre matériel informatique
Malgré un processus de fabrication gourmand en ressources, l’ONU estime que nous nous débarrassons de 20 à 50 millions de tonnes de déchets électroniques chaque année.
Malgré l’importance de l’impact , il n’existe pas de législation internationale sur le recyclage des déchets électroniques , ce qui signifie que l’élimination de ces appareils en fin de vie n’est pas réglementée.
Changer moins souvent de matériel et donc conserver plus longtemps son matériel permet aussi de limiter le gaspillage des ressources naturelles.
La fabrication de nouveaux produits a un impact sur la planète , sur la qualité de l’air et consomme des énergies fossiles.
Selon l’ADEME, garder une tablette ou un ordinateur quatre ans au lieu de deux améliore de 50 % son bilan environnemental.
- Réparer votre matériel informatique
De nombreuses associations réparent votre matériel au lieu de le jeter. Moins de la moitié des appareils qui tombent en panne sont réparés (soit 44% des appareils). Réparer nos équipements et acheter du matériel reconditionné permet d’éviter d’en fabriquer des nouveaux.
- Mutualiser vos équipements
Au bureau, il est assez courant de mutualiser une imprimante. Pour se diriger vers une sobriété numérique et réduire l’empreinte de nos usages, il convient d’apprendre à partager son matériel plutôt que de se suréquiper.
- Favoriser le réemploi des équipements
S’il est absolument nécessaire d’acheter du nouveau matériel informatique, vous pouvez privilégier les appareils récupérés et restaurés. La démarche environnementale qui consiste à acheter en seconde main a pour objectif de réduire son empreinte carbone.
Nous pouvons prolonger au maximum la durée de vie de nos ordinateurs ou téléphones portables ou encore choisir un fabricant écoresponsable.
L’impact environnemental des systèmes d’information
Pendant la durée de vie de nos appareils électroniques, il existe un autre type de pollution sur lequel nous avons plus de contrôle : notre consommation numérique quotidienne.
En un an, notre consommation d’internet est responsable de 2 % des émissions de gaz à effet de serre, soit le même pourcentage que les voyages en avion dans le monde sur la même période. Pourtant, très peu de gens sont conscients de leur empreinte carbone numérique.
Limiter le stockage en ligne
Le stockage de documents en ligne impose des allers-retours entre le terminal de l’utilisateur et les serveurs. Cela consomme deux fois plus d’énergie que de la stocker directement sur l’ordinateur. Si vous n’avez pas assez d’espace sur votre ordinateur, vous pouvez investir dans un disque dur externe.
Ce type de pollution est principalement dû aux informations stockées dans d’énormes centres de données qui consomment beaucoup d’énergie.
10% c’est part de l’électricité consommée par les data centers en France.
Certains de ces centres de données ont la taille d’un stade de football. Ils contiennent des milliers d’ordinateurs en ligne et fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Les centres de données stockent et envoient en permanence des courriels, des vidéos et des documents. Un data center nécessite d’énormes quantités d’énergie ainsi que des systèmes de refroidissement adéquats.
Les services numériques et les navigateurs
Chaque fois que nous faisons une recherche sur Internet, notre requête couvre des milliers de kilomètres de câbles. Avoir plusieurs onglets ouverts en même temps consomme aussi de l’énergie car chaque page web qui reste ouverte est connectée en permanence à son serveur.
La diffusion d’une vidéo en continu sur votre mobile à l’aide de la 4G consomme 23 fois plus d’énergie que la diffusion en wifi, car les données mobiles envoient des signaux répétés aux tours de téléphonie cellulaire.
Saviez-vous que la 4G consomme 23 fois plus d’énergie qu’une connexion WiFi ? Privilégier le WiFi plutôt que la 4G et préférez une connexion filaire au wifi.
Certaines entreprises sont à la traîne pour leur faire front à la pollution numérique. notamment Netflix. Le site web de Greenpeace, Clickclean, qui révèle les fournisseurs de contenu en ligne alimentés par des énergies renouvelables ou sales, montre que le service de streaming utilise de l’énergie fossile – 30 % provenant du charbon, 26 % de l’énergie nucléaire. Seuls 17 % des centres de données de Netflix sont alimentés par des sources d’énergie propres.
La pollution numérique du courrier électronique
L’envoi d’un courriel nécessite beaucoup d’énergie. L’e-mail passe par un fournisseur d’accès Internet, atteint son centre de données et est ensuite redirigé vers le centre de données du destinataire.
Le fait d’envoyer un courriel et de le copier à dix personnes multiplie les émissions de CO₂ par quatre.
- L’envoi de 33 courriels de 1 Mo à deux destinataires chaque jour produit 180 kg de CO₂ par an, , soit l’équivalent de 1 000 km parcourus en voiture
- 34 millions est le nombre de mails envoyés toutes les heures (hors spam). L’équivalent de 14 tonnes de pétrole.
- Chaque année, 293 000 millions de courriels sont envoyés dans le monde, dont 80 % ne sont jamais ouverts.
- Un mail, c’est 10 g de CO₂ , soit une ampoule basse consommation allumée pendant 1 heure
- Un courriel stocké dans un compte de messagerie pendant un an émet 19 g de CO₂
Faut-il imprimer ses mails ?
L’impression d’un mail doit être exceptionnelle.
- Il faut en moyenne un arbre pour produire 15 000 feuilles de papier soit 30 ramettes
- 5 000 kWh sont nécessaires pour fabriquer et sécher une tonne de papier
- On imprime dans les entreprises en moyenne 34 feuilles/jour/salarié et 14% des impressions
- En limitant nos impressions, nous pouvons réduire les déchets de 6kg par personne et par an
C’est peut-être difficile à croire, mais il est parfois plus écologique d’imprimer un document. C’est le cas lorsqu’un document compte plus de quatre pages et que sa lecture prend plus de 15 minutes. Imprimez en noir et blanc, en brouillon, recto-verso et deux pages par feuille.
Le choix de la police de caractère peut avoir aussi un poids écologique.
Pour économiser de l’encre, la police Ecofont (police à trous) permet d’économiser de l’encre sans nuire à la visibilité. On estime l’économie réalisée de 15 à 50%.
D’autres polices sont classées dans les polices éco-responsables , Garamond, Ryman eco et Century Gothic. Times New roman et Calibri sont classées dans les plus économiques. Par contre, Comic sans Ms, tahoma et trebuchet sont classées dans les gourmandes.
Que pouvons-nous faire pour limiter notre pollution numérique ?
La moitié de la population mondiale est en ligne, et ces chiffres sont en augmentation. La pollution numérique reste un grand mystère, mais c’est une question importante à laquelle nous devons tous nous intéresser, tant au niveau individuel qu’au niveau de l’entreprise. Il s’agit d’une responsabilisé sociétale de prendre en compte l’environnement dans nos consommations numériques.
Évidemment, revenir au papier et au crayon n’est pas une option, mais nous pouvons limiter notre empreinte écologique en faisant de petits changements simples qui peuvent aider à réduire les émissions de CO₂.
Ne vous laissez pas décourager par tous les changements qui doivent être apportés. Faites-le progressivement et à votre propre rythme. Chaque action que vous entreprendrez sera déjà un pas pour la planète et diminuera votre bilan carbone.
Gérer plus efficacement les courriels
- Dans la mesure du possible, évitons d’envoyer des messages inutiles.
- Si vous avez besoin de dire quelque chose à un collègue levez-vous de votre bureau et allez lui parler.
- Envoyez vos courriels seulement aux personnes concernées , vous n’avez pas besoin de l’envoyer collectivement
- Utilisez un outil de messagerie interne, tel que Slack. Il consomme moins d’énergie que les courriels.
- Vérifiez un courriel avant de l’envoyer pour éviter le suivi notoire : « Désolé, dans mon courriel précédent, j’ai oublié de joindre le fichier ».
- Videz régulièrement votre corbeille et votre dossier de courrier indésirable.
- Pour le spam, vous pouvez installer un logiciel qui le détecte et le supprime automatiquement.
- Si vous devez répondre à un courriel, assurez-vous d’écrire à qui vous devez l’envoyer. Ne copiez pas un grand nombre de destinataires sur un courriel si cela n’est pas nécessaire, évitez la fonction « réponse à tous ».
- Utilisez une clé USB si vous avez besoin de transférer un fichier à un collègue.
- Lorsque vous devez envoyer un gros fichier, choisissez un service d’hébergement de fichiers qui utilise un lien de téléchargement sur un site web, comme WeTransfer, Google Drive ou OneDrive. Cela permet d’éviter que le fichier ne soit stocké sur plusieurs serveurs. Si vous utilisez un lien, il sera uniquement stocké sur le serveur qui l’héberge endant quelques jours avant de les supprimer.
- Compressez les fichiers que vous envoyez par courrier électronique.
- Vous pouvez également supprimer les pièces jointes inutiles et créer des pièces jointes légères si nécessaire.
- Désinscrivez-vous de toutes les lettres d’information que vous ne lisez pas avec l’aide de Cleanfox.
Mieux utiliser son navigateur
- Utilisez des moteurs de recherche éco-responsables, tels que Lilo ou Ecosia, vous permet de limiter l’impact carbone de votre recherche.
7g c’est l’émission de CO₂ produite par une recherche Google
- Soyez précis lors de vos recherches. Si le mot-clé que vous utilisez est le bon, vous économiserez l’énergie nécessaire pour parcourir environ 40 km en voiture.
- Écrivez directement dans la barre d’adresse du navigateur – et non dans le moteur de recherche – lorsque vous allez visiter une page que vous avez déjà visitée. Vous serez dirigé directement vers le site web, ce qui empêche de revenir en arrière dans le moteur de recherche et/ou les centres de données.
- Utilisez les signets pour éviter de répéter des recherches identiques.
- N’oubliez pas de fermer les onglets que vous n’utilisez pas.
Se déconnecter plus souvent
- Arrêtez de lire vos e-mails en permanence !
Si votre travail le permet, déconnectez-vous chaque fois que vous le pouvez,. Vous n’avez pas à passer toute la journée connecté à Google news ou aux réseaux sociaux.
Attribuez quelques créneaux horaires par jour pour lire vos courriels et y répondre. Non seulement vous ferez quelque chose pour la planète, mais vous serez aussi plus efficace car votre travail sera moins interrompu. Selon une étude de l’Université de Loughborough, il faut 64 secondes pour se recentrer sur la tâche après avoir lu votre courrier électronique.
- Débranchez vos appareils
Nous devons envisager de nouvelles pratiques responsables à mettre en œuvre dans notre vie quotidienne : tout comme vous êtes habitué à éteindre la lumière lorsque vous quittez un endroit, pourquoi ne pas éteindre les appareils lorsque vous ne les utilisez pas ? À la maison, débranchez votre modem ou votre routeur la nuit et en votre absence pour économiser l’électricité.
Allumés 24/24, la box et le boitier TV consomment à eux deux de 150 à 300 kWh/an, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 5 à 10 ordinateurs portables 15 pouces utilisés 8 heures par jour
- Désactivez les notifications mobiles.
Autres conseils pour une sobriété numérique
- Supprimez les vidéos YouTube publiées il y a des années. Elles sont toujours stockées sur des serveurs et créent de la pollution pour rien.
- Supprimez les applications inutilisées sur vos devices
- Oubliez la HD (haute définition).
Essayez de regarder votre série préférée en basse résolution. En streaming, vous consommez entre quatre et dix fois moins d’énergie qu’en haute définition. Ce n’est pas facile, mais c’est pour une bonne cause !
Haute technologie et technologie verte
La technologie est omniprésente dans la résolution des problèmes contemporains. En fait, c’est le moyen le plus efficace de faire passer une solution à l’échelle supérieure, puisque les technologies numériques sont les seuls outils qui peuvent atteindre des millions de personnes simultanément.
Les transitions numériques et écologiques ne peuvent pas exister séparément. Elles doivent aller de pair pour atteindre leurs objectifs. L’enjeu est de rendre obligatoire l’écoconception des principaux services numériques destinés aux citoyens. La transition énergétique se fera par l’analyse du cycle de vie de nos équipements et de leur usage afin de minimiser l’impact environnemental.
Cependant, comme nous savons que la technologie numérique produit actuellement plus de CO₂ que le transport aérien, il peut être discutable de préconiser des solutions technologiques lorsqu’on parle de transition verte.
L’écologie numérique est donc « la discipline qui étudie l’impact environnemental des différents écosystèmes qui relient l’homme à la technologie numérique afin de limiter leurs effets néfastes sur l’environnement. L’idée n’est pas d’abandonner la technologie, puisque nous en avons besoin, mais de l’utiliser de manière responsable et optimisée. Comment ?
Du côté des développeurs, il est essentiel que les technologies qu’ils créent soient optimisées dès leur conception afin de consommer moins de données et d’énergie. On parle alors d’éco-conception.
Le cycle de vie des appareils devra être analysé afin de réduire les impacts de la consommation énergétique et des impacts sur l’environnement. Concevoir des applications de manière efficace permet en effet d’accélérer l’expérience de l’utilisateur, de réduire les coûts et de consommer moins de piles et de données.
L’économie circulaire devrait aussi diminuer l’impact environnemental du numérique.
Pour conclure
En appuyant simplement sur le bouton « Recherche » de Google, on émet l’équivalent de 5 à 7 grammes de CO₂ , qu’en envoyant un simple courriel on en émet 10 grammes (l’équivalent de ce qu’un arbre peut absorber en une journée), et que 60 millions de tonnes d’appareils photo numériques sont jetés chaque année pour seulement 5% de recyclage. La pollution numérique est un réel problème.
Cet article finira aussi par être stocké sur un serveur, à des centaines ou des milliers de kilomètres de chez vous. Mais nous sommes convaincus que les bonnes actions que vous entreprendrez après avoir lu ces conseils, compenseront votre empreinte carbone !
N’hésitez pas à partager vos propres idées pour réduire la pollution numérique que nous générons !