Pour définir, l’agriculture biologique, il faut commencer par définir l’agriculture intensive. En effet, à la base, sans produit chimique, le sol est un milieu riche et adapté en matières minérales et organiques.
La digestion de ces matières se fait naturellement par les bactéries, les vers ou encore les champignons du sol. C’est ainsi que les plantes se nourrissent de la terre depuis la nuit des temps. Mais on a voulu plus de rendement, moins de perte. Sont alors utilisés les produits chimiques.
En opposition à l’arrivée de cette agriculture chimique, l’agriculture biologique n’utilise que des produits naturels pour limiter les pertes et permettre une culture satisfaisante.
Vu comme ça, le bio semble simple et cohérent avec la nature. Pourtant, arrivés sous forme d’aliments, le consommateur lambda (et même le consommateur averti) doit être vigilant. Depuis les années 80, le label AB sur les produits bio, permet de les reconnaître. Malgré cela, dans les rayons de nos supermarchés, ils sont mélangés à toute sorte de produits non biologiques aux qualificatifs naturels, sains, amaigrissants, etc…
Le choix est un peu plus simple si l’on se rend directement dans un magasin biologique où la majorité des produits est certifiée par l’un des organismes habilités à cela. Mais ce n’est pas non plus une garantie totale. En effet, certains produits vendus en boutique bio ne le sont pas et même parfois on ne sait même pas comment il sont fabriqués (le cas du fructose).
Il existe également des produits sans aucune indication, qui ne peuvent être certifiés. Il s’agit principalement du poisson sauvage et des algues. Pour ces produits, aucune garantie n’est possible. Seuls leur milieu naturel et leur bonne réputation nous font penser qu’ils sont bio. C’est en oubliant que les eaux des océans et mers ne sont plus très propres non plus….
Toute une catégorie de produits est également assimilée au bio sans trop savoir si c’est vrai ou non : ce sont les compléments alimentaires. La recommandation à la prudence sur ce type de produit est évidente. En effet, l’exemple des pesticides retrouvés dans des gélules de ginseng il y a une dizaine d’années a fait scandale. Mais est-ce que ça a suffi à faire stopper les industries du monde entier à produire toujours plus pour satisfaire une demande grandissante ? Je ne répondrai que par un seul mot : vigilance.
Donc, même si la demande se développe, la culture biologique française, elle, n’avance pas aussi vite et ne représente toujours que 2% de la totalité de la surface agricole. Ce qui oblige à importer une grande partie des produits biologiques.
Or, si l’on s’en tient à la réglementation européenne sur le biologique, les critères sont douteux : acceptation (certes, en infime quantité) d’organismes génétiquement modifiés et de produits chimiques… Etre sûr de consommer de vrais produits issus de l’agriculture biologique paraît donc plutôt aléatoire…
C’est dans ce contexte complexe et délicat que la FAO déclare pourtant que l’ensemble des hommes pourrait être nourri de l’agriculture même si elle était biologique. C’est évident que cela résoudrait le problème du vrai ou faux bio. Mais est-ce envisageable de demander aux agriculteurs du monde entier de changer toute leur façon de faire ? Est-il réaliste de faire passer la santé et le bien être avant le pouvoir économique des grandes industries (en l’occurrence les plus concernées ici sont les industries chimiques) ?
L’optimisme de la FAO est également remis en question par certains agriculteurs qui ne voient pas la production biologique comme la solution idéale pour l’environnement et par voie de conséquences pour les hommes. Pour eux, l’utilisation accrue en tant que pesticides de sulfates de cuivre et de soufre en agriculture biologique polluent le sol par phytotoxicité. Par ailleurs, Léon Guéguen, membre de l’Académie d’Agriculture de France voit des problèmes pratiques et économiques dans la mise en place d’une agriculture biologique. Pour lui, ce n’est pas l’agriculture de l’avenir car elle n’est pas durable.
C’est d’ailleurs vers une agriculture raisonnée que se penche toute une catégorie de professionnels. Agriculture où se rejoignent des produits chimiques réglementés et réfléchis et des produits naturels selon les besoins, la nature de la terre, le produit cultivé etc..
En parlant d’avenir, on peut également évoquer l’agriculture bio-dynamique qui veut redonner à la terre son pouvoir de fertilisation naturelle grâce à des remèdes spécifiques.
En attendant, gardons l’œil ouvert si l’on veut se nourrir réellement sainement tout en préservant l’environnement. Il n’est pas toujours judicieux de consommer des aliments biologiques si ceux-ci ont voyagé depuis le bout du monde. En saison, les fruits et légumes locaux peuvent très bien faire l’affaire, non ?
Pour nous aider, une association de consommateurs bio a été créée : consom’acteurs.
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