La semaine passée se tenait à Mons, une conférence Valbree sur “Les enjeux du recyclage des matières plastiques”. En tant que prof d’environnement et étant particulièrement intéressée par la question de déchets, j’y ai assisté. Je vous livre mes réflexions.
Des produits sont fabriqués sans assez tenir compte des déchets en devenir
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Voici en vrac quelques phrases marquantes qui ont été prononcées.
- Les plastiques les plus difficiles à recycler sont les plastiques multicouches et peu de solutions efficaces existent.
- Des recherches sont menées pour que les couches puissent être séparées grâce à des enzymes mais elles n’en sont qu’à leurs débuts.
- Les déchets de fabrication, grâce à leur homogénéité, sont relativement bien recyclés. Par contre pour le recyclage de déchets collectés auprès des consommateurs, le credo est “Shit in, shit out”.
- Les déchets plastiques sont multiples et viennent de diverses sources. Les produits ou les emballages sont actuellement conçus sans tenir compte de leur devenir, immédiat pour les déchets ou en fin de vie pour les produits.
Tout cela n’a rien de bien encourageant. que d’efforts mis pour le recyclage sans se soucier de l’éco-conception.
Vendre des déchets, tout bénef
Les secteurs verts ont le vent en poupe. Pas une semaine, un élu ne manque de dire qu’il s’agit de l’avenir. Si l’environnement est certainement à prendre en compte et que des inventions doivent se produire afin de réduire les dégâts à la planète, cela ne doit pas servir de prétexte à tout et n’importe quoi. Les industriels produisent des déchets et se proposent de « revaloriser » nos déchets via le recyclage.
L’emballage un déchet immédiat
Le packaging est un outil de marketing, il peut parfois faire vendre. Cela amène d’ailleurs les industriels à sur-emballer ou à utiliser des matériaux qui leur permettront de différencier leurs produits par rapport aux produits concurrents.
Par exemple, l’exemple a été cité des bouteilles en matière plastique de couleur noire ne sont pas triées par les machines de fibre optique. Alors que la composition de leur plastique autorise le recyclage, ces flacons ne le sont pas en raison de leur couleur.
Le produit acheté, un futur déchet
Chacun a déjà entendu parler de la problématique de l’obsolescence programmée, de l’intérêt économique à privilégier un nouvel achat à une réparation.
L’industriel vend un produit et vend des déchets. Il en tire uniquement les bénéfices sans en supporter les conséquences. Les déchets sont devenus propriété du consommateur. Le consommateur évacue ces déchets soit par l’intermédiaire de la collecte hebdomadaire des poubelles, soit via les parcs à conteneurs soit les dépôts illégaux.
L’industriel n’a aucune responsabilité sur ces déchets, cela devient des externalités pour la société en général. Ce sont donc des externalités.
Le recyclage est une filière économique avec de gros enjeux
De gros montants ont été mentionnés pour la recherche.
Chaque étape du recyclage représente des emplois et de la “création de valeur”. Voyons quelles sont ces étapes:
La collecte des déchets
Il y a là un véritable problème, tout déchet plastique qui n’est pas collecté terminera un jour où l’autre dans nos océans. Si la collecte est indispensable par ce que les déchets plastiques existent, ce serait encore mieux que ces déchets n’existent pas. Mais la collecte crée de l’emploi.
Le tri de ces déchets
Des usines énormes sont créées et des machines ont été inventées pour trier les déchets plastiques. Là encore, cela a été générateur de profit pour les industriels.
Notez que des plastiques parfaitement recyclables passent à travers les mailles du tri, comme c’est le cas pour des flacons noirs.
La revalorisation des déchets
Quand les déchets ont été triés, ils sont revalorisés pour en faire une matière secondaire. Le processus est géré par des entreprises qui en tirent profit…
Comme le prix de ces matières secondaires (les billes de plastique prêtes à être moulée pour un nouvel usage) est plus élevé que les matières premières correspondantes. La solution proposée lors du colloque est de subsidié le secteur, une autre source de rentrées pour cette industrie.
Les comparaisons
Comme nous venons de le voir, les comparaisons faites l’ont été par rapport à la différence de coûts entre matières premières et matières secondaires. La solution présentée est de faire du lobbyisme. Mais il vaudrait mieux étendre la comparaison et ne pas avoir de vision binaire matière première/matière secondaire.
Le meilleur déchet est celui qui n’existe pas
La meilleure solution est d’éviter de créer ces déchets.
Nous avons écrit qu’il était préférable de réutiliser le verre que de le recycler.
- Pourquoi ne pas mettre en œuvre une standardisation des bouteilles parce qu’un nettoyage est bien plus économe en énergie que la refonte du verre ?
- Pourquoi ne pas remplacer certains contenants en plastique par des verres standardisés ?
Les 5R, nous disent aussi que le recyclage ne vient qu’après avoir refuser, réduit ou réutiliser nos déchets.
Du lobbyisme sur les externalités plutôt que pour avoir des subsides
Pourquoi ne pas responsabilise les industriels sur les déchets qu’ils génèrent ou plus exactement qu’ils vont amener les consommateurs à générer via les externalités. On a vu que la mise en œuvre d’eco-taxes en Belgique n’avait pas fonctionné mais est-ce pour autant que l’idée était mauvaise?
Conclusion
Seul le R du recyclage intéresse les industriels et le politique car les autres solutions impliquent une réduction de l’activité ou une moindre croissance. C’est donc à nous consommateurs qu’il convient d’agir et étant responsable et en ne se donnant pas bonne conscience avec le recyclage.