On parle de plus en plus des aspects nocifs pour l’environnement et la santé de l’huile de palme sur internet ou dans les médias. Pourtant, les produits « bio » intègrent également de l’huile de palme durable ou issue de l’agriculture biologique. Mais l’huile de palme biologique ou durable est-elle une alternative satisfaisante à la production classique ? L‘huile de palme biologique est-elle aussi nocive pour nous et l’environnement ? Quelles alternatives choisir et comment agir ?
L’huile de palme en chiffres
Table des matières pour faciliter votre navigation
Selon Wikipedia , « L’huile de palme est une huile végétale extraite par pression à chaud de la pulpe des fruits du palmier à huile. 100 kg de fruits donnent environ 22 kg d’huile. »
La production de l’huile de palme
Originaire d’Afrique de l’Ouest, le palmier à huile est maintenant cultivé dans toutes les régions tropicales et surtout en Malaisie et en Indonésie. Selon le ministère des forêts indonésien, la superficie des plantations de palmiers à huile est passée de 120 000 hectares en 1968 à 5,5 millions d’hectares en 2004.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée ou la Colombie souhaiteraient également profiter de l’aubaine financière liée à la demande croissante de cette huile.Les chiffres sur l’huile de palme
L’huile de palme est l’huile la plus consommée dans le monde avec 30 % de parts de marché.
La demande a été multipliée par six en 20 ans.
- Un huile avec un haut rendement
Un palmier donne des fruits toute l’année, deux fois par mois, et produit pendant 25 à 35 ans.
Son succès vient de son haut rendement : jusqu’à 7 250 kg d’huile par hectare et par an. Son rendement est 10 fois supérieur à l’huile de soja par exemple. Ce haut rendement permet d’avoir de très bas coût de production. Le résultat est que l’on retrouve cette huile dans un grand nombre de produits alimentaires, mais également cosmétiques. - Une huile peu couteuse
L’huile de palme est deux fois moins onéreuse que l’huile de colza. Afin d’augmenter encore leur rendement, mais également améliorer la qualité de l’huile et faciliter la récolte, les entreprises étudient le développement de palmiers transgéniques. - Une huile onctueuse
Au-delà du rendement exceptionnel, l’huile de palme permet d’assurer la texture et l’onctuosité de certains produits.
Cet avantage supplémentaire fait qu’il est difficile et couteux pour les industriels de modifier leur processus de fabrication pour trouver un substitut à l’huile de palme. Il peut être remplacé par 3 types de graisse pour reproduire cette onctuosité : le beurre ou la crème, d’autres graisse animal comme le suif ou des huiles liquides végétales solidifiées, dites ‘hydrogénées’. Ces substituts ont tous des inconvénients nutritionnels (résistances à la chaleur, acide gras trans impliquant des maladies cardio-vasculaires…).
Les impacts environnementaux de l’huile de palme
L’huile de palme ne peut être cultivée que dans des climats tropicaux humides, c’est à dire le plus souvent au niveau de la forêt tropicale. Une plantation sur deux de palmiers à huile a provoqué la destruction de la forêt.
La demande croissante pour cette huile à haut rendement et bas coût a généré des tensions sur la forêt primaire et les tourbières.
L’huile de palme contribue à l’aggravation de problèmes de santé, notamment les maladies cardio-vasculaires.
La Banque mondiale a annoncé qu’elle n’accorderait plus de prêt aux compagnies de plantations de palmiers à huile tant qu’elles ne seront pas en mesure de garantir que son financement ne causera aucun dommage social et environnemental.
- La déforestation
L’exploitation des palmiers à huile a un effet néfaste sur l’environnement car elle participe à la déforestation massive et l’assèchement des marécages et tourbières. En effet pour satisfaire la demande croissante de cette huile, les producteurs rasent des forêts primaires pour laisser la place à cette monoculture.
Selon le WWF, la consommation d’huile de palme de chaque Français nécessite 17 m2 de palmeraient et serait donc responsable de la déforestation de 9 m2 de forêts tropicales. Multiplié par 60 millions, on atteint 540 km2, soit 5 fois la superficie de la Ville de Paris !
- La destruction des marécages
Outre la déforestation, les conséquences environnementales touchent également les marécages. On estime ainsi, que chaque tonne d’huile de palme extraite entraîne la suppression de 3 à 4 mètres cubes d’eaux résiduaires et le relâchement dans l’atmosphère de plus de 40 mètres cubes de méthane.
- La destruction de la biodiversité
La destruction de ces forêts entraîne en corollaire la destruction des plantes et des animaux qui y vivent. C’est le cas des orangs-outans, dont l’habitat naturel est menacé par la surexploitation de la forêt des pays producteurs (Malaisie, Indonésie, Bornéo et Sumatra). On estime à 5000 le nombre de ces grands singes victimes chaque année de cette exploitation. Si la déforestation continue à ce rythme ces grands singes auront complètement disparu à l’état naturel d’ici 2020.
Cette catastrophe écologique concerne les singes, mais également les tigres, les rhinocéros ou les éléphants.
La forêt tropicale humide indonésienne s’étend sur 1.3% de la surface terrestre et constitue une des forêts les plus diversifiée du monde. On y trouve 11% des espèces de plantes connues, 10% des mammifères et 16% des oiseaux.
- Les inondations et glissements de terrain…
La déforestation entraîne également des conséquences écologiques dramatiques pour les populations autochtones : inondations, glissements de terrain, feux de forêts, érosion, appauvrissement des sols…
- Le dérèglement climatique
Le remplacement de ces forêts entraîne également de massifs rejets de gaz à effet de serre et la diminution des réserves de stockage de CO₂ participant à l’aggravation des dérèglements climatiques.
Ces forêts qui absorbent actuellement du CO₂ se transforment en source d’émission lors de leur destruction par incendie.
A cause des feux de forêt permettant de préparer le sol à recevoir ces palmeraies, l’Indonésie est devenue le troisième producteur de CO₂ de la planète.
Les émissions de CO₂ liées à la destruction des forêts et milieux marécageux en Indonésie représente 1,8 milliard de tonnes de CO₂ chaque année, soit 4% des émissions mondiales annuelles.
C’est une catastrophe écologique à grande échelle et le fragile équilibre de notre planète est menacée par cette déforestation massive.
Tout en reconnaissant qu’il est légitime, pour ces pays, de vouloir s’ouvrir à de nouvelles sources de revenus, les ONG environnementales dénoncent ces pratiques et les conséquences environnementales.
Les Impacts sociaux de l’huile de palme
Cette production à outrance entraîne une industrialisation du tissu rural et l’expulsion des paysans de leurs terres. Des conditions de travail peu favorables, l’importation de travailleurs étrangers et l’utilisation de produits toxiques comme pesticides aggravent l’impact économique et social lié à la production de cette huile.
Selon le WWF : « Même si la culture du palmier à huile, permet de faire vivre près de 5 millions de familles en Indonésie, de nombreux problèmes sociaux notamment pour les peuples premiers sont liés à cette culture :
• Les Droits coutumiers ne sont pas reconnus
• L’État s’approprie des territoires indiens pour les confier aux plantations privées
• La conversion en plantations de palmiers à huile correspond à de grandes pertes économiques en terme de revenus liés à l’agriculture de subsistance, de valeur des produits forestiers et de la biodiversité
• De graves cas de maltraitances, de violence, de prise d’otages, de meurtres, d’utilisation de la police, de militaires, de malfrats
• Les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels sont entamés
Juste pour le mois de Janvier 2009, 576 conflits sociaux en lien avec les plantations de palmiers à huile ont été enregistrés.”
L’huile de palme, largement utilisée dans les produits alimentaires industriels, provoque des dégâts considérables en Indonésie.
L’économie indonésienne
L’huile de palme devient une industrie de plus en plus importante pour l’Indonésie. En 2005, elle contribuait pour 3,8 milliards de dollars US aux exportations, soit 6 % des exportations du pays hors pétrole et gaz. En 2009, elle a atteint 10,4 milliards de dollars US des exportations soit 11 % des exportations indonésiennes hors pétrole et gaz.
En milliards de dollars US | 2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 |
Exportations huile brute & Produits dérivés – Indonésie | 3,8 | 4,8 | 7,9 | 12,4 | 10,4 |
Exportations autres que pétrole et gaz – Indonésie | 66,4 | 79,6 | 92 | 107,9 | 97,5 |
En % | 6 % | 6 % | 9 % | 11 % | 11 % |
La réduction de la pauvreté
L’huile de palme a été largement reconnue comme une industrie efficace pour réduire la pauvreté et pour une utilisation optimisée de la terre dans les pays en développement. La gestion de la plantation et la récolte des fruits des palmiers à huile sont des activités nécessitant une forte main-d’œuvre, et l’industrie est devenue une source importante d’emploi, fournissant des emplois directs et indirects à environ 4,5 millions de personnes.
L’industrie est composée de petits propriétaires et de grandes plantations. En Indonésie, les petits propriétaires possédaient 39 % de la surface totale des palmeraies en 2008, selon le département de l’agriculture d’Indonésie, tandis que les plantations de sociétés privées en possédaient 53 % et le gouvernement 8 %. Les petits propriétaires représentent 33 % du total de la production d’huile de palme du pays.
En accord avec la politique du gouvernement indonésien, les sociétés détentrices de plantations d’huile de palme, qui sont considérées comme un noyau, sont encouragées à développer de nouvelles plantations qui appartiendront et seront dirigées par des petits propriétaires locaux. Cette forme d’assistance aux petits propriétaires est généralement appelée le « Programme Plasma ». Dans le cadre de ce programme, le noyau s’engage à acheter des FFB (Fresh Fruit Bunches – Grappes de fruits frais) au plasma à des prix déterminés par le gouvernement indonésien, en tenant compte des coûts endossés par le développeur pour le traitement et la vente de ces FFB. Depuis les années 80, le gouvernement indonésien soutient le financement du Programme Plasma, par l’intermédiaire de banques d’État, et maintenant de banques privées, avec l’approbation de la Bank Indonesia et du Conseil d’Administration Général des Plantations.
La contribution envers les communautés
L’industrie indonésienne d’huile de palme contribue de façon significative au développement des communautés locales. Dans le cas de Golden Agri-Resources Ltd (“GAR”), la maison-mère de PT SMART Tbk (“SMART”), l’une des plus grosses sociétés mondiales de produits dérivés des palmeraies, l’entreprise fournit des financements pour construire et entretenir des écoles et d’autres établissements d’enseignement dans les plantations. Ces initiatives renforcent les efforts des autorités locales pour assurer une bonne éducation aux enfants des employés ainsi qu’aux familles habitant à proximité de nos plantations. À ce jour, SMART a construit et géré plus de 125 écoles avec plus de 1 000 enseignants encadrant 20 000 élèves, dans des zones au cœur des plantations bénéficiant de peu de solutions pour leur scolarité. Un transport gratuit vers les écoles est aussi fourni aux élèves qui en ont besoin.
La société cherche aussi à satisfaire les besoins des employés et des personnes vivant à proximité des cultures, en construisant et en entretenant des infrastructures publiques telles que les routes et les ponts, les cliniques de santé et les lieux de culte comme des mosquées et des églises. Elle fournit également des locaux et un savoir-faire sur la façon de gérer les coopératives afin de veiller à ce que les produits de base soient disponibles à des prix abordables. Elle construit des logements bien conçus et des infrastructures sportives, ou fournit une aide financière aux communautés pour célébrer des événements festifs et religieux. L’entreprise aide aussi à développer les micro-économies en fournissant des emplois indirects aux entrepreneurs locaux à proximité des terres, par exemple en utilisant des transporteurs locaux pour acheminer les produits ou en engageant des entreprises locales pour développer de nouvelles plantations.
Les utilisations de l’huile de palme
L’huile de palme est connue pour ses usages multiples, dans l’alimentation, les produits de santé, les cosmétiques et les biocarburants. Elle constitue un ingrédient peu onéreux pour une multitude d’articles essentiels. L’huile de palme est aussi un élément de base de l’alimentation nationale indonésienne. L’usage domestique principal est l’huile de cuisson pour les foyers et les vendeurs de rue. Elle est aussi utilisée sous une forme solide à tartiner et dans différents aliments transformés.
L’huile de palme possède aussi de nombreux bénéfices nutritionnels. C’est un produit à teneur élevée en graisses mono-insaturées. Il n’a pas besoin d’hydrogénation pour atteindre un état solide et évite la création d’acides gras trans, considérés comme dangereux pour la santé humaine. Il contient aussi du carotène (vitamine A) et de la vitamine E.
Les produits à base d’huile de palme
Un produit de grande consommation sur dix vendus en Europe contient de l’huile de palme. C’est énorme !
L’huile de palme est présente à notre insu dans un grand nombre de produits industriels et de restauration collective.
• les produits alimentaires : les biscuits, les sauces, les gâteaux apéritifs, les chips, le chocolat, la margarine, les confiseries, les plats pré-cuisinés, les céréales, les crèmes glacées, pains, barres chocolatées, soupes lyophilisées, sardines en boîte, bouillons, mayonnaises, fromages râpés … Pire, cette huile se retrouve également dans les laits pour bébé (Guigoz, Nestlé, Blédilait… selon Terre Sacrée).
• les produits d’entretien : les détergents, les produits vaisselle…
• les produits cosmétiques : le savon de Marseille, d’autres savons, le maquillage, les parfums…
Une enquête menée en 2007 par les Amis de la Terre dans 3 grands supermarchés (Auchan, Leclerc et Monoprix) a révélé que 61% des chips, 54% des pâtes à tarte, 49% des pâtes à tartiner, 47% des viennoiseries et 41% des biscuits apéritifs contiennent de l’huile de palme.
90% des pizzas industrielles sont actuellement fabriquées avec un substitut de fromage râpé composé d’emmenthal et… d’huile de palme.
Vous trouverez une liste non exhaustive mais régulièrement mise à jour de produits contenant de l’huile de palme sur Terre Sacrée : http://terresacree.org/palme.html
Cette liste montre des produits des marques Lu, Blédilait, Nestlé, Saint-Hubert, BN, Harry’s Gayelord, Suchard, Mousline, Benenuts, Krisprolls, Mars, Côte d’or, Panzani, Knorr, Astra, Modilac, Pitch, Snickers, Belin, Guigoz, Cadburry, Pasquier, Alsa, Kellog’s, Royco…
Information de la part de Panzani : « Depuis 2009, nous avons modifié la formulation de nos recettes avec nos équipes RD depuis cette date et ainsi, nous avons pu supprimer l’huile de palme de la chapelure par ex, sur nos boites de ravioli et sur nos pâtes farcies du rayon sec épicerie ; là où la suppression n’a pu être réalisée, nous utilisons depuis 2010 de l’huile de palme certifiée RSPO et nos équipes RD continuent de travailler pour trouver d’autres alternatives pour simplifier nos approvisionnements, tout en conservant, bien entendu, la qualité organoleptique de nos recettes. »
L’huile de palme peut également être utilisée comme agrocarburant. La demande croissante en agrocarburants est responsable de la moitié de l’augmentation de la demande mondiale en huiles végétales et qui ont représenté. Son utilisation comme agrocarburant entraîne une tension sur le marché des biens alimentaires, générant ainsi une hausse des cours, des famines et des conflits.
Les industriels vers une huile de palme durable ?
Sous la pression des associations, mais également de l’opinion publique, les grands groupes industriels changent progressivement leur point de vue et leur utilisation de l’huile de palme.
250 acteurs importants de l’industrie de l’huile de palme ont créé, en collaboration avec le WWF, la RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil), une organisation s’engageant à promouvoir l’huile de palme de production durable et à sauvegarder la forêt tropicale. La RSPO a permis de mettre au point un label CSPO, mais il n’y a encore que peu d’applications concrètes de la part de ses membres.
- The Body Shop a annoncé en 2007 qu’elle fabriquerait désormais la totalité de ses savons avec de l’huile de palme durable.
- Le groupe Casino est en train de retirer l’huile de palme de l’ensemble de ces produits de marque Casino. Un changement suite à la polémique croissante en France attisée par plusieurs reportages à la télévision française dénonçant les méfaits de l’huile de palme au point de vue de la santé et de l’environnement. Pour les produits non alimentaire de marque Casino, pour lesquels il n’existe pas d’intérêt nutritionnel, il sera utilisé de l’huile de palme certifiée durable. Le distributeur compte sur l’huile de colza ou de tournesol notamment pour remplacer l’huile de palme.
- Les différentes enseignes du groupe comme Franprix, Leader Price et Monoprix, doivent adopter la même démarche.
- Le 10 décembre 2009, la multinationale Unilever a annoncé qu’elle rompait son contrat d’approvisionnement avec Sinar Mas, le principal producteur indonésien d’huile de palme, grâce aux actions répétés de Greenpeace.
- Le géant américain de l’agro-alimentaire Cargill a menacé d’arrêter de s’approvisionner auprès du groupe Sinar Mas, premier producteur indonésien d’huile de palme, accusé par Greenpeace de détruire des forêts tropicales.
- Grâce aux efforts de Greenpeace, outre Unilever et Cargill, ce groupe a également perdu un gros client qui est Nestlé.
- IKEA utilise 32 000 tonnes d’huile de palme par an pour sa production de bougies, auxquelles s’ajoutent encore 8 000 autres tonnes pour d’autres productions. Parmi les composants principaux des bougies d’IKEA, on compte à côté de la paraffine principalement de la cire végétale et de la stéarine. Derrière ces deux termes se cache le plus souvent l’huile de palme.
Selon une étude du WWF réalisée en 2009 sur l’usage de l’huile de palme durable auprès de 59 entreprises européennes, Carrefour se classait au 15eme rang, Leclerc au 41eme, tandis qu’Auchan, Casino et Intermarché figuraient dans le peloton de queue.
Selon une étude récente du WWF, les entreprises françaises et européennes qui n’ont aucun engagement en termes d’utilisation d’huile de palme durable sont Aldi, Auchan, Brioche Pasquier, Géant Casino, Les Mousquetaires (Intermarché), Magasin U, Metro, Spar.
Les alternatives à l’huile de palme
Le remplacement de cette huile nocive aurait un surcoût négligeable pour le consommateur, car elle est présente en en faible quantité dans les produits. Toutefois, son remplacement pose un autre problème : l’huile de soja, qui est la deuxième huile la plus utilisée, provoque également des dégâts environnementaux liés à la déforestation.
- L’huile de palme comparée aux autres huiles végétales
Seuls 0,26 hectares de terres sont nécessaires pour produire une tonne d’huile de palme, tandis que le soja, le tournesol, et le colza nécessitent respectivement 2,2, 2 et 1,5 hectares pour produire une tonne d’huile. Par ailleurs, l’huile de palme génère près de 10 fois l’énergie qu’elle consomme, comparé à des ratios de 2,5 pour le soja et de trois pour le colza.
L’huile de palme constitue également un puits de carbone efficace pour absorber le dioxyde de carbone au même niveau qu’une forêt gérée. Les plantations de palmiers à huile sont feuillues, composées de milliers d’arbres pouvant vivre plus de 25 ans, et ont une empreinte carbone positive sur l’environnement.
L’huile de palme est présente dans de nombreux produits industriels. La plupart des producteurs sont concernés. Certains d’entre eux ont commencé récemment à prendre des mesures. L’alternative réside donc dans la réduction des impacts défavorables liés à la production des palmiers, via une certification de la production durable ou bio, et de manière plus efficace la réduction de la consommation des produits nécessitant l’huile de palme, de soja ou de coprah.
- Des huiles labellisées
Un label, nommé CSPO (Certification for Sustainable Palm Oil) distingue les produits utilisant de l’huile certifiée, issue d’une production durable. Les critères de ce label s’appuient largement sur ceux de l’agriculture biologique, du commerce équitable (Max Havelaar) et de la gestion forestière durable (FSC). Une culture durable de palmier à huile signifie principalement une culture sur des terres dégradées déjà cultivées plutôt que de défricher des forêts primaires.
La recherche d’un consensus au sein du groupe RSPO a permis de faire avancer le sujet en créant ce label qui empêche la commercialisation d’huile de palme durable produite à partir de zone de forêt primaire convertie en plantation après novembre 2005. Par contre, ce consensus laisse de larges failles dans cette certification concernant les conditions sociales, car elle ne remet pas en cause le modèle agricole favorable aux multinationales au détriment des petits paysans locaux et ne permet surtout pas d’éviter la déforestation des forêts secondaires ou des forêts sur sols tourbeux (contribuant à l’augmentation des gaz à effet de serre par le méthane). En effet, ces deux milieux font l’objet d’une simple recommandation et non d’une interdiction dans le cahier des charges du label.
- Les huiles labellisées sont-elles équitables ?
Tous les aspects sociaux ne sont donc pas pris en compte dans ce label : les compagnies exploitant les palmeraies peuvent faire venir de la main d’œuvre bon marché de l’étranger et ne pas fournir d’emplois et de revenus à la population locale.
Par ailleurs, la certification ne s’étend pas au processus de raffinage. Ce processus n’est pas le plus critique en matière de destruction de l’environnement, mais un produit réellement bio devrait pouvoir l’être tout au long des étapes de sa fabrication.
Il existe donc un label permettant de certifier que l’huile de palme respecte un cahier des charges assurant une certaine préservation de l’environnement et des droits sociaux universels, mais est largement perfectible.
Mais l’huile de palme durable ne représente que 5% de l’offre totale.
Pour juger de l’engagement des industriels et des supermarchés pour une huile de palme « plus respectueuse de l’environnement », le WWF a initié fin octobre 2009 la première Palm Oil Buyers’ Scorecard : un classement qui compare la durabilité de la politique d’achat de quelques grands utilisateurs européens d’huile de palme. Cette étude sera réalisée tous les 2 ans.
Les résultats sont médiocres : seul 19% de l’huile de palme certifiée disponible est achetée.
Alors qu’une offre en huile de palme existe et est disponible, seulement 10 des 59 entreprises évaluées tiennent leurs engagements à acheter et à utiliser de l’huile de palme durable.
10 entreprises françaises apparaissent dans ce classement mais seules 2 entreprises françaises (The Body Shop et L’Oréal) utilisent aujourd’hui de la CSPO.
- L’huile de palme biologique
L’huile de palme biologique est une huile dont la production a été certifiée selon le cahier des charges de l’agriculture biologique propre à chaque pays, il s’agit d’Ecocert en France.
L’huile de palme biologique provient principalement de Colombie où une plantation est certifiée biologique et équitable.
Le cahier des charges des huiles de palme bio colombienne est plus contraignant que le simple cahier des charges de RSPO et bénéficie de certifications équitables et biologiques issues de cahiers de charges de l’UE, suisse, américains et japonais.
Les organismes ayant participé à cette certifications sont les suivants : Ecocert France (bio et commerce équitable), WWF Colombie, KSA Kosher, BioSuisse Suisse et ProForest UK.
L’huile de palme biologique produite en Colombie et commercialisée par Brochenin en France est notamment présente dans les supermarchés Biocoop et dans les magasins The Body Shop.
Cette huile de palme durable présente donc une certaine garantie de respect de l’environnement.
L’inconvénient de cette certification est que son cahier des charges ne mentionne pas explicitement l’absence de déforestation pour la culture du produit bio.
Toutefois, il semblerait que cette plantation ne respecte pas tout à fait les conditions de vie des ethnies autochtones puisqu’elles auraient été expulsées pour pouvoir étendre ces plantations.
Par ailleurs certains produits bio ne peuvent contenir d’huile de palme végétale et sont donc une garantie. C’est le cas du chocolat.
Depuis 2003, la commission européenne autorise l’emploi d’autres matières grasses végétales (inférieure à 5 %) que le beurre de cacao dans le chocolat. Cette matière grasse végétale est bien souvent de l’huile de palme.
Par cahier des charges, le chocolat bio ne contient pas d’autre matière grasse que le beurre de cacao
Agir pour diminuer la consommation d’huile de palme
Agir contre l’huile de palme, c’est protéger l’environnement et sa santé. Il existe deux types d’actions :
- Les actions individuelles : notamment décrypter les étiquettes et réduire sa consommation de produits agroalimentaires industrialisés. Ces actions en masse ont des conséquences collectives car elles obligent les industriels à s’adapter à la demande du marché.
- Les actions collectives : en militant activement ou en soutenant des associations cherchant des solutions pour réduire l’impact de l’huile de palme classique.
Lire les étiquettes
La lecture des étiquettes mentionnant les ingrédients d’un produit n’est bien souvent pas suffisante. Après avoir chaussé ses meilleures lunettes afin de lire les caractères microscopiques décrivant les produits contenus dans votre achat, vous pourrez trouver parfois mentionnée huile de palme. Mais les mentions huile végétale ou matière grasse végétale cache bien souvent sournoisement l’huile de palme.
En conséquence, si vous lisez huile végétale ou matière grasse végétale, il y a de fortes (mal)chances pour que cela soit de l’huile de palme, car sinon le fabriquant aurait mentionné huile d’olive, de colza ou de tournesol. Quant au pourcentage d’huile de palme contenu dans le produit, il est absent quasiment sur toutes les étiquettes.
Pour identifier l’huile de palme dans les cosmétiques, il faut quelques notions linguistiques ou de chimie, car vous la trouverez sous les vocables suivants :
• son nom latin : Elaeis guineensis,
• Palm acid
• Sodium palmate
De toute façon, il faut être vigilant sur tous les produits agroalimentaires industriels, comme les plats cuisines, les biscuits, les pâtes à tarte, les sauces… notamment les produits 1er prix.
La présence d’une autre huile (colza ou tournesol par exemple, ou la mention pur beurre est un signe qui permet de penser qu’il n’y a pas d’huile de palme.
Réduire sa consommation de produits alimentaires industriels
Comme il est difficile de détecter l’huile de palme dans les produits et que la plupart des produits provenant de l’industrie agro-alimentaire en contiennent, il convient d’en réduire sa consommation (chips, biscuits, sauces…).
Cette réduction a d’autres effets bénéfiques :
• sur l’environnement car ce sont des produits consommateurs en énergie et emballage,
• sur votre santé car ils contiennent des produits pouvant nuire à votre santé (sel, acide gras trans..)
• sur votre porte-monnaie, ces produits étant plus chers que les substituts faits maison ou provenant du rayon frais ou fruits et légumes.
Interroger les restaurateurs
Lorsque vous êtes au restaurant, vous pouvez poser la question et savoir si les aliments servis contiennent de l’huile de palme. Même si le restaurateur vous répondra ou pas… n’importe quoi, cela contribuera à sa sensibilisation.
S’informer et sensibiliser sur l’huile de palme
Greenpeace a mis en place un groupe se nommant Zéro déforestation. Vous pouvez suivre leur actualité sur
Parlez-en autour de vous, plus les gens seront informés, plus les industriels seront contraints de modifier leur processus industriel et les gouvernements seront encouragés à prendre des mesures pour réduire la consommation d’huile de palme.
Il est à noter que le parc des félins en Seine et Marne organise une séance de 30 minutes de sensibilisation sur les méfaits de l’huile de palme pour les adultes et les enfants dans un petit train faisant le tour de la réserve.
Conclusions sur l’huile de palme biologique
Les certifications huile de palme durable et huile de palme biologique sont un premier pas limitant les impacts de la production de l’huile de palme sur l’environnement. Mais c’est juste un premier pas qui n’est pas complètement satisfaisant et qu’il convient de compléter.
Dans tous les cas, il convient de privilégier les produits à base d’huile de palme durable ou bio par rapport aux produits à base d’huile de palme classique : même si ces labels ne sont pas suffisamment contraignants, ils assurent tout de même une certaine sauvegarde de l’environnement.
La question devient plus difficile si vous comparez la consommation d’huile de palme durable ou bio par rapport à pas d’huile de palme du tout :
- Il est clair qu’il vaut mieux privilégier la consommation de produits frais exempts d’huile de palme plutôt que des produits industrialisés. Mais ce n’est pas forcément la mesure de consom’action la plus facile à prendre et à réaliser.
- Il est clair également qu’il faut encore plus éviter les produits à base d’huile de soja ou de coprah qui participent également massivement à la déforestation.
- Ce qui m’est plus difficile de juger est l’existence d’une alternative écologique crédible en termes de matière grasse pouvant remplacer l’huile de palme. L’huile de colza par exemple ? Mais peut-elle réellement remplacer l’huile de palme dans les processus industriels sans nuire à la texture ? Mais sa consommation massive ne pourrait-elle pas entraîner d’autres conséquences écologiques néfastes ?
A notre avis, il faut donc privilégier d’abord les produits frais, puis les produits avec de l’huile de palme bio ou durable et bannir les produits à base d’huile de palme ou de soja classique. Et il convient de soutenir les associations qui cherchent à parfaire les labels existant.
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