La viande, arme de destruction massive

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La consommation de viande dans le monde est en constante augmentation. Et cela ne va pas sans poser de multiples problèmes. viandeMais aucune information réelle et indépendante n’existe à ce sujet. Il s’agit pourtant de notre planète, de la question de la faim dans le monde, de la santé publique et des grands oubliés de cette histoire, pourtant les premiers concernés : les animaux. C’est le constat qu’a fait le site viande.info, qui propose d’analyser et de décortiquer le revers d’une bien triste médaille. Un site très complet et sans concession qui donne les clefs d’une remise en question pertinente et construite de la consommation de viande.

Une consommation de viande en augmentation

Le ton est donné sur la page d’accueil du site viande.info avec cette simple présentation : « l’impact de la viande sur les humains, les animaux et l’environnement. » Car tout est lié pour faire de ce « simple » produit de consommation une véritable bombe à retardement à la fois sur le plan sanitaire, écologique et éthique. Et c’est à ce niveau que se place le site viande.info, véritable vitrine de ce qui reste encore et malheureusement en France une contre culture alimentaire : comment végétaliser son alimentation. Une question qui semble marginale pour bon nombre de personnes mais qui se trouve pourtant au centre de nombreuses problématiques actuelles en matière d’amélioration de la qualité de vie.

Arme de destruction massive

Les chiffres sont éloquents et méritent d’être rappelés. 60 milliards d’animaux terrestres sont abattus chaque année dans le monde, dans le cadre de l’industrie de la viande. Ce chiffre s’élève à plus d’un milliard d’animaux pour la France seule. Cela sans compter les animaux aquatiques comptabilisés au tonnage et non pas à l’individu ! Des chiffres démesurés qui cachent une réalité sordide. Animaux enfermés et entassés leur vie durant dans des cages exigües, élevages surpeuplés ou l’animal n’est qu’une simple machine à produire, mutilations et manipulations brutales exercées dans un carde mécanisé et industriel. L’industrie de la viande a un visage, celui des animaux qui servent notre appétit de viande insatiable et suicidaire.

Car l’industrie de la viande ne pose pas des problèmes uniquement éthiques et de défense animale. Et les chiffres sont vertigineux. Le tiers des terres arables de la planète est employé à produire l’alimentation des animaux d’élevage, tandis que plus d’un milliard d’humains ne mangent pas à leur faim. En y ajoutant les pâturages, ce sont 70% des surfaces agricoles qui sont utilisées pour l’élevage. Reste 30% pour les cultures non alimentaires (coton, biocarburants…) et pour la production des végétaux consommés par les humains. Pour peu que les récoltes soient moins abondantes ou que les stocks baissent, les prix s’envolent, comme en 2008 où la sévérité de la crise alimentaire fit éclater des émeutes de la faim, y compris dans des pays habituellement épargnés par ce fléau.

Les chiffres ne s’arrêtent pas là. La production d’un kilo de viande de boeuf utilise 22 fois plus d’eau et environ 50 fois plus de surface agricole que la production d’un kilo de pommes. L’élevage est responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre et porte une lourde responsabilité dans la déforestation, le gaspillage et la pollution de l’eau, ou le développement des pluies acides. Si la production de viande nuit toujours la santé des animaux, la santé humaine en pâtit également. Les trois quarts des nouveaux agents pathogènes ayant affecté les humains dans la dernière décennie proviennent des animaux ou produits animaux. Les élevages industriels et l’aquaculture utilisent des quantités impressionnantes d’antibiotiques, favorisant le développement de l’antibiorésistance. La surconsommation de viande accroît par ailleurs la prévalence de certaines pathologies : maladies cardiovasculaires, diabète, certains cancers… La question n’est donc plus de chercher à savoir si la consommation de viande est ou non acceptable. La question est : comment enrayer cette catastrophe !

L’envers du décor du secteur de la viande

Le site viande.info a pour vocation d’informer le public, de faire émerger des politiques visant à accroître la part des végétaux dans nos assiettes, et de s’attaquer en priorité à l’élevage intensif et à la pêche industrielle. Il propose un fond documentaire accessible et détaillé pour permettre à chacun de découvrir l’envers du décor. Un décor planté par une industrie de la viande qui soigne son image à coup de campagnes de publicités répétitives, et soutenues par les pouvoirs publics. A grand renfort de subventions et de soutiens divers, les dégâts causés par les élevages sont absorbés et pris en charge par la collectivité. Dernier exemple en date, le ramassage, compostage et méthanisation des algues vertes, financé par l’impôt, en lieu et place d’une remise en cause des élevages intensifs bretons qui en favorisent la prolifération.

Et conjointement, le CIV (Centre d’information des viandes) et autres émissaires des productions animales diffusent dans les écoles des plaquettes et animations conçues pour inculquer une image positive de l’élevage et de la viande : une propagande fermement dénoncée par viande.info.

Grève de la viande

Du 16 au 18 novembre 2009 se tint le sommet mondial sur la sécurité alimentaire. Il se solda par un échec : pas un mot sur la responsabilité de la surconsommation de viande des plus riches sur la faim des plus pauvres, et aucune décision concrète, au-delà des ordinaires déclarations générales. La prochaine échéance mondiale était alors le sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique (7-18 décembre 2009). Il y avait une forte mobilisation autour de cet événement. Mais, en France du moins, le thème de la surconsommation de viande n’affleurait pas dans le débat public, bien que la FAO ait publié dès 2006 un rapport retentissant pointant le rôle de l’élevage dans l’effet de serre.

C’est dans ce contexte que l’association L214 décida de médiatiser le sujet via une grève de la viande observée par quelques personnalités pendant la durée du sommet.  «

Dix personnalités écologiques parmi lesquelles Pierre Rabhi, Jean-Marie Pelt ou encore Corinne Lepage, appellent à faire la grève de la viande pendant le sommet de Copenhague. Une manière de rappeler que la viande, et donc la déforestation, est la grande oubliée du sommet.

Ce sont donc 10 personnalités de l’écologie (journalistes, politiques, écrivains…) qui se mettent en grève de la viande pour rappeler que l’élevage intensif figure parmi les principales causes de la destruction de la planète.

1. Fabrice Nicolino, journaliste, auteur de Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde et de La faim, la bagnole, le blé et nous.

2. Pierre Rabhi, initiateur de Colibris, Mouvement pour la Terre et l’Humanisme, expert international pour la lutte contre la désertification.

3. Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, journaliste, producteur et réalisateur de télévision.

4. Jean-Claude Pierre, auteur de Pourvu que ça dure, le développement durable en question, co-fondateur d’Eau et Rivières de Bretagne et du Réseau Cohérence.

5. Jean-Marie Pelt, président de l’Institut européen d’écologie.

6. Jean-Paul Jaud, réalisateur de Nos enfants nous accuseront.

7. Franck Laval, président de Écologie sans frontière.

8. Corinne Lepage, députée européenne, représentante du Parlement européen à Copenhague, Modem.

9. Jean-Paul Besset, député européen, Europe Écologie.

10. Sandrine Bélier, députée européenne, Europe Écologie.

L’appel des 10 » demandant des mesures énergiques pour faire baisser la consommation de produits d’origine animale. Dans les jours qui suivirent, d’autres personnalités se joignirent au mouvement, dont le député Yves Cochet qui fut à l’origine du buffet-débat du 19 mai.

Qu’il s’agisse de changement climatique, de souffrance animale, de gaspillage et de faim dans le monde, ou de risque sanitaire, l’élevage intensif est une plaie pour la planète et ses habitants.

La production mondiale de viande a quintuplé entre 1950 et 2000. Celle de l’aquaculture est passée de 1 million de tonnes en 1950 à 52 millions de tonnes en 2006. Où sont les actions pour endiguer cette boulimie collective ?

L’élevage industriel intensif gagne l’ensemble du monde. Considérés comme de simples protéines sur pattes, les animaux souffrent en intensité et en nombre comme jamais.

Rien n’est venu enrayer l’extension de ce modèle et la toute puissance des filières agroalimentaires qui le portent. Aujourd’hui, la famine et la crise environnementale s’aggravent et les responsables politiques français ne s’aventurent toujours pas sur ces questions : l’éthique passe après la viande ; la souffrance et l’environnement après les intérêts économiques.

C’est ainsi que ce système perdure contre toute logique et contre l’opinion publique en bénéficiant largement de l’argent des contribuables et de la complicité des pouvoirs publics.

Que vous soyez végétarien ou pas, vous pouvez rejoindre cette initiative symbolique pour rappeler aux dirigeants qui seront à Copenhague, qu’il ne faut pas oublier l’industrie de la viande dans le débat sur le climat.

Buffet-débat à l’Assemblée nationale

Le 19 mai 2010, des hommes et femmes politiques, des militants associatifs et des journalistes venus couvrir l’événement étaient réunis à l’Hôtel de la Questure (Assemblée nationale) autour d’un buffet végétarien préparé par Jean Montagard. Tous ont fermement dénoncé la part excessive des produits d’origine animale dans nos assiettes et affirmé leur opposition à l’élevage intensif : un événement marquant organisé par L214 et AVF, au nom de viande.info, avec le soutien de GoodPlanet, WWF et NéoPlanète. Le site viande.info permet de revivre cette soirée à travers des enregistrements audio et vidéo. Il offre aussi une abondante documentation sur la production et la consommation de viande.

Une journée végétarienne par semaine

Déjà en place dans plusieurs villes étrangères, le jour végétarien hebdomadaire est un moyen concret et efficace d’évoluer vers une alimentation plus responsable. Il est pratiqué depuis janvier 2009 dans la restauration scolaire du 2e arrondissement de Paris. D’autres villes commencent à suivre l’exemple et se positionnent ainsi en faveur d’une végétalisation de notre alimentation. Une campagne en ce sens se prépare activement et notamment autour du site Internet http://www.un-jour-vegetarien.fr. Sa réussite suppose la contribution de nombreux acteurs (citoyens, élus, professionnels de la restauration…). Un message central de viande.info est que l’appui des politiques publiques est décisif pour changer de cap. Il nous appartient de faire pression pour que ces politiques prennent la bonne direction afin d’arrêter la marche destructrice de l’industrie de la viande.

Hugues pour : http://www.l214.com/

La journée sans viande

Le fameux ex-Beatle, Paul Mc Cartney fut le premier à avoir cette idée en proposant le Meat Free Monday (lundi sans viande). En proposant cette campagne dans une grande partie du monde industriel anglophone, il voudrait convaincre à sauver la planète…. et notre santé !

De leur côté, les belges (et plus précisément la ville de Gand) ont mis en place le Jeudi sans viande. Voici un engagement collectif où même les restaurants de la ville participent à ce programme en proposant des menus végétariens le jeudi. Sinon, depuis la rentrée des classes, les écoles publiques sont également passées au régime végétarien du Jeudi.

Pour mettre en pratique, la municipalité distribue des cartes à la population et aux touristes afin de leur indiquer les restaurants où ils pourront manger végétarien. Des cours de cuisine végétarienne sont également proposés.

Les hôpitaux britanniques et l’Agence pour la protection de l’environnement en Allemagne se sont également engagés à réduire de la consommation de viande.

En voilà de bonnes initiatives ! Les impératifs sanitaires, économiques et écologiques semblent doucement toucher les consommateurs. La viande perd, de ce fait, sa grandeur gastronomique pour trouver une place plus ringarde…

 

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